Extraits d’échanges et de témoignages de l’ancien forum frères et soeurs

Do : J’ai reçu par la poste “Vivre sans toi”, par ma Marraine.

T. est mort il y a bientôt 9 mois, il n’avait pas 20 ans. J’ai du mal à rentrer chez mes parents, parce que je l’entends hurler à la vie dans chaque pièce de cette maison. Il était mon équilibre dans la fratrie.

J’ai pris sa force de vivre, lui qui savait si bien faire ça, alors que moi je n’ai jamais su si j’en étais vraiment capable.

Certains matins je pense que ce n’est pas arrivé.

Je ne sais pas ce que je dois attendre de ce forum, de la vie et de ce livre, mais j’essaie….

My : Bonjour D., ton message me touche particulièrement, car mon frère allait lui aussi sur ses 20 ans.

J’entends encore ma mère, “tu te rends compte, il n’avait même pas 20 ans”.

De ce forum, tu peux attendre des échanges avec des frères et soeurs dans la même situation que toi, et c’est important car ceux qui n’ont pas connu ça ne peuvent pas comprendre.

De la vie, tu peux attendre je l’espère encore de bons moments, même si cela te parait irréel aujourd’hui. Mais petit à petit le temps nous aide à cicatriser. Pas un jour ne se passe sans que je pense à mon frère, mais aujourd’hui j’arrive à penser à lui sans éclater en sanglots, et à parler de lui, ce qui m’était impossible dans les premiers temps.

Du livre, je ne sais pas car je n’ai pas eu ce support, mais je recevais le journal des frères et soeurs endeuillés et cela m’aidait beaucoup.

J’ai aussi très longtemps pensé que tout cela n’était qu’un cauchemar, que ce n’était pas vrai, donc je pense que c’est normal que toi aussi.

Etait-ce ton grand frère ? Ou ton petit frère ?

Moi je suis l’ainée, et j’ai eu trois frères, c’était le 2e, et on avait 10 ans et demi d’écart, c’était mon petit frère. Il me manque terriblement.

Si tu as besoin de parler, je suis là, n’hésite pas.

Courage.

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M : Je reviens vers le site qui m’aide et qui m’a aidé après le décès de mon frère il y a 3 ans par suicide

je voulais dire que j’allais mieux depuis et je pense que ça peut aider bcp de personnes car je sais par quoi je suis passée!

Avec un travail sur moi-même et le temps malheureusement….ou heureusement….

j’ai changé de travail cela m’a énormément aidé, je profite plus de la vie ,même si lorsque j ‘en fait trop je suis très fatiguée et c dur de récupérer: je ne sais pas si c’est normal et si cela est pareil pour certains ?

Je profite de mes enfants car c’est ce qu’il y a de plus important pour moi désormais avec mon mari.

Par contre il y a un domaine où j’ai bcp de mal, c mon rapport avec les autres: je supporte” difficilement “la cohabitation avec les personnes (amis ,collègues ou connaissances) je ne les supporte pas en train de se plaindre pour un rien ou de raconter leur histoire moi je les écoute, mais je ne me plains pas je parle très peu ;c’est assez pénible pour moi maintenant car je me rends compte que cela ne sert à rien! Je préfère être seule ou avec mes enfants qu’en contact avec ces personnes-là; cela ne me gêne pas et le contact est moins important pour moi; je me suffis à moi-même et je n’ai pas besoin des autres!

J’aimerais savoir si c normal, si cela vient de mon caractère assez réservé ou de la perte de mon frère?

Dans tous les cas, je voulais dire qu’il est possible d’aller mieux

Parler de mon frère et y penser m’est moins difficile désormais.

J’espère pouvoir donner espoir car je me mets à la place de chacun d’entre vous qui a perdu un être cher; la vie n’est plus la même!

M.V.: Merci M. d’apporter un peu d’espoir à tous les frères et soeurs dans la détresse, qui traversent des moments douloureux.

Bien sur le temps est le plus fidèle des alliés, mais notre regard sur l’avenir est aussi très important car notre existence ne sera plus jamais comme avant !

Il faut redonner un sens à sa vie !

Et comment faire après une telle épreuve ?

Comme toi, certains seront encore plus présent pour leurs enfants, leurs familles, ou trouveront un emploi peut-être plus épanouissant.

A chacun de chercher une nouvelle direction pour poursuivre son chemin.

Quant à cette difficulté à supporter les “petits tracas” des autres, il n’y a rien d’anormal.

Notre vision du monde n’est plus la même et nous a fait prendre conscience des choses essentielles de notre vie et nous a éloigné du superficiel.

Cela est difficile à comprendre pour les gens qui n’ont pas vécu la même épreuve !

Merci encore d’avoir posté ce message de soutien

M.V.

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E : j’ai perdu mon frère? Je ne sais pas si je peux dire la chose ainsi. Je n’ai pas connu mon frère. Il est mort à sa naissance, 2 ans et demi avant la mienne. J’en ai énormément souffert à mon adolescence et j’en souffre encore actuellement (j’ai 20 ans) mais moins qu’avant. Je fais mon deuil, petit à petit, bien qu’on ne m’en reconnaisse pas le besoin.

Y a t-il d’autres personnes dans ce cas? J’ai l’impression que cette douleur est celle du “membre fantôme” mais le membre familial, celui dont on tait le nom en famille… pourtant quand on en parle dans un cercle proche : parents, grands-parents, oncles, tantes, sœurs (nées après aussi) c’est toujours très douloureux, pour tout le monde.

C’est un manque profond d’un p’tit ange qui n’a jamais eu les pieds sur terre et qui se prénomme B.

My : Bonjour,

Je te réponds tardivement, en espérant que tu passeras quand même sur ce forum après tout ce temps…

C’est normal que tu ressentes ce manque, car inévitablement tu as ressenti la douleur de tes parents qui reste présente à vie, tu as donc grandi avec ce frère absent.

Je pense à toi et à ton frère.

Amicalement.

M : Bonjour, je te réponds très tardivement aussi mais si tu repasses par ici…

J’ai 20 ans moi aussi et mon frère est décédé deux ans avant ma naissance, il avait 17 ans. Je ne peux m’empêcher de pleurer quand je pense à lui et même sans l’avoir connu je l’aime d’un amour très très profond. Je pense que tu ressens en effet la souffrance et la douleur de ta famille et c’est difficile de savoir que nous ne pouvons pas réellement les comprendre car nous sommes nées après le drame…

Moi c’est comme si ma famille avait eu une autre vie (autre maison, autre ville, autres habitudes) à laquelle je suis étrangère et que j’aurais aimé vivre. Mais pense aussi à une chose c’est que heureusement que tu es là pour tes parents… Je pense bien à toi et te comprends !

Amicalement, M.

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J : Bonjour, j’ai 22 ans et je suis en Erasmus cette année. Je suis partie en septembre après des vacances mouvementées. Mon frère, déjà malade depuis 2ans, avait passé tout le mois de juillet à l’hôpital. Je suis partie en sachant qu’il y avait peu de chances qu’il survive jusqu’à la fin de mon année académique et il a voulu que je parte quand même. En octobre, alors que lui et nos parents pensaient me rendre visite, ils ont attendu et finalement, seul mon père est venu car il était trop malade. On a décidé que nous rentrions tous les deux auprès de ma mère et mon frère et on a encore déplacé notre vol pour l’avancer. Nous devions arriver le 16 octobre vers minuit dans mon village mais il est décédé le matin même et je n’ai pas pu lui dire au revoir de vive voiX une dernière fois.

Il allait fêter ces 20 ans le 3 janvier suivant. Ça faisait un mois et demi que j’étais partie. Et je l’avais vu pour la dernière fois sur Skype. J’étais terrifiée et il était si mince. Il est parti aux toilettes et j’ai juste entendu un gros bruit parce qu’il était tombé. Il ne pouvait plus monter jusqu’à sa chambre. Il était tellement grand et fort avant! On pensait toujours que c’était moi la petite.

Je suis retournée en Espagne et j’ai rattraper mes cours. 7 mois après, il me reste un mois ici et j’ai encore des examens à finir mais je n’ai plus d’énergie. Je sais que le fait d’être loin me protège un peu et qu’en rentrant je devrai faire mon deuil. A la fois c’est une délivrance parce que je dois le faire mais j’en ai si peur.

Je fais beaucoup rêves. Et j’ai fait des rêves de lui qui étaient très agréables où j’avais l’impression, au réveil, d’avoir passé un moment avec lui “comme au bon vieux temps”. Mais ces quelques dernières nuit je rêve qu’il me rejette. Comme ça arrivait parfois, il se fâche et veut que je parte et me dit qu’il ne veut pas me voir. Je sais que quand ça arrivait, ce n’était pas vraiment lui et qu’il ne le pensait pas et je ne considère pas du tout cela comme un trait de son caractère.

Pourquoi est-ce que je revois cela précisément? Est-ce que ça peut avoir une signification?

Merci de me lire et de me répondre si vous le pouvez…

M : Bonsoir, est-ce que tu ne culpabilise pas de n’avoir pu être présente lors de ses derniers instants de vie et peut-être lorsqu’il était malade?

Dis-toi bien que tu as fait du mieux que tu pouvais on fait tous comme on peut!

Tout cela est inconscient bien sûr, mais c’est peut-être une étape à passer que tu dois affronter; cela fait partie du travail de deuil on est obligé d’en passer par la !

C’est très dur mais après ça va un peu mieux.

Je compare ça au fait de traverser un mur de feu c’est ce qui m’est arrivé quand j’ai perdu mon frère il y a 3 ans par pendaison

Je n’ai fait son deuil que 2 ans après.

Je te conseille un livre sur le deuil qui m’a bcp aidé.

VIVRE LE DEUIL AU JOUR LE JOUR du DR CHRISTOPHE FAURE

COURAGE JE PENSE A TOI

DIS-TOI QUE TU N’ES PAS SEULE ET CA C’EST DEJA BCP