Témoignage de Chantal G

Chantal G, maman et sœur endeuillée, propose des rencontres annuelles pour les frères et sœurs depuis 2006.

« Début 2000, quelques rencontres avaient eu lieu sur l’Isère pour les frères et sœurs, attirant chaque fois une dizaine de personnes. En 2006, j’ai commencé à prendre des responsabilités à l’Antenne JPV, et j’ai, entre autres, institué des
rencontres annuelles pour les frères et sœurs. J’avais perdu mon fils de 19 ans en 2002. Je trouvais insupportable que ma fille de 18 ans se retrouve « fille unique », et je me devais de faire quelque chose pour les frères et sœurs.

Avec le temps, j’ai pris conscience que cet investissement me renvoyait à mon enfance. Née un an après le décès de ma sœur de 10 ans, j’ai été élevée dans le silence et le non-dit de mes parents. À la mort de mon fils, mon esprit confus était
incapable de mettre des mots sur ma douleur et mes émotions. En même temps, je ne voulais pas reproduire pour ma fille et mon entourage le silence qui m’avait étouffée.

JPV était, et est toujours, le seul lieu où j’ai pu parler de la mort. Notre association doit rester un lieu où parents, frères et sœurs peuvent échanger en confiance.

J’ai voulu instituer des rencontres frères et sœurs régulières et toujours à la même période (octobre/novembre) pour que cette date s’inscrive dans les activités de JPV et devienne une date repère pour tout le monde : frères et sœurs, parents et membres JPV.

Cela fait 7 ans que je propose des rencontres annuelles. Je reste convaincue de la nécessité de :

  • prendre en compte la souffrance « oubliée » des frères et sœurs, même s’ils n’arrivent pas toujours à la reconnaître.
  • se démarquer des parents avec qui la communication est parfois compliquée.
  • proposer un lieu neutre pour parler de son « chaos intérieur », du décalage que l’on ressent avec les autres, etc…

Je pense aussi que des frères et sœurs qui sont endeuillés depuis plusieurs années, auraient envie de rencontrer d’autres frères et sœurs à des moments clés de leur vie : naissance, séparation de couple, reconversion professionnelle, deuil d’un proche, etc…

L’absence du frère ou de la sœur reste un questionnement tout au long de la construction de sa vie et peut ressurgir à tout moment de son existence. »

Chantal G
Antenne JPV de l’Isère