Témoignage de Florent
« Cela peut paraître étrange d’avoir envie de se retrouver qu’avec des personnes endeuillées, si l’on part de l’idée que le deuil ne peut que nous plonger dans la tristesse et le désarroi. Dans quel plan galère je m’embarque ?
Mes parents, un peu intimidés encore à l’époque par l’idée de rencontrer des adhérents de JPV m’envoient en éclaireur à une rencontre dans l’Isère. En arrivant sur place, je vois deux panneaux : l’un où il était inscrit « PARENTS » et l’autre « FRERES et SŒURS ». Et c’est très naturellement que je me suis dévié de ma trajectoire initiale en me laissant emporter dans la salle indiquée par le second écriteau. Je me suis alors retrouvé entouré de personnes de tout âge, de tout horizon, ayant comme point commun le fait d’avoir perdu un frère ou une sœur. Et ce ne fut pas la tristesse qui m’envahit mais la force soudaine… d’être plusieurs. Nous étions des frères et des sœurs orphelins d’un proche et pour un instant nous retrouvions d’autres frères et sœurs. Bref c’est encore du pareil. Un parent se met à la place de l’autre pour comprendre ce qu’il ressent. Ce que ressent un parent à la perte de son enfant est unique et propre à chaque relation. Ce n’est pas transposable vu le caractère hiérarchique et unique de la relation, il y a là de la verticalité. Alors que, entres frères, il y a de la réciprocité qui se partage immédiatement sans qu’il n’y ait nul besoin de se mettre à la place de. Il n’y a que de la transversalité.
Cette rencontre ne fut que du bonheur, même si elle est venue remuer des souvenirs douloureux. Elle a été l’occasion de partage unique. Une fois peut suffire pour soi, ou plusieurs, ou parfois l’on peut avoir envie d’accueillir pour donner au plus grand nombre la possibilité de vivre cela … au moins une fois. »
Florent