Témoignage de Lucile

Lucile fait la mise en page des Pages frères et sœurs et participe à des rencontres.

« C’est tout un monde qui s’écroule quand Mathieu, mon petit frère de 24 ans, décède en janvier 2010. Il est emporté par une « mort subite ». Son cœur s’arrête de battre et j’ai l’impression que le mien aussi… tellement j’ai mal. Très vite, je cherche la moindre trace de témoignages de frères et de sœurs endeuillés pour « vérifier » : ces gens-là sont-ils toujours « debout », peut-on (sur)vivre après ça?

Je trouve sur Internet les références d’un ouvrage qui vient de paraître. Il s’agit du livre « Vivre sans toi… ». C’est en l’ouvrant que je découvre alors l’existence de l’association Jonathan Pierres Vivantes. J’attends l’automne de cette même année pour contacter Chantal G, référente de l’antenne de l’Isère. Je participe à une rencontre frères et sœurs près de Grenoble. Depuis ce jour, je m’y rends chaque année. Et chaque année, les visages changent. C’est vrai, il est rare qu’un frère ou une sœur « s’investisse » dans l’association sur du long terme.

Il y a deux ans, je propose de reprendre les Pages frères et sœurs. J’ai 31 ans aujourd’hui, et je me construis, me reconstruis progressivement, bref, je fais ma vie. La mise en page de ces feuillets est ma contribution à la vie du groupe frères et sœurs de JPV. C’est comme ça que je veux et peux m’engager aujourd’hui. De plus, le lien que j’ai avec l’association et ses membres est important et précieux. J’y fais de belles rencontres !

Ce qui contribue à me faire avancer ce sont les gens que je croise sur mon chemin, que ce soit dans la vie de tous les jours, au travail, ou au sein de JPV. Au-delà de la rencontre annuelle, il arrive que l’on se voit aussi lors de moments plus informels, autour d’un repas ou d’un café. C’est d’ailleurs ainsi que j’ai même pu nouer des amitiés. Même si parler de mon frère, de cette blessure, de ma douleur m’est encore très difficile, il est important pour moi d’échanger avec des personnes qui ont un vécu similaire. Et oui, ça fait du bien de ne pas se sentir jugée, de ne pas avoir à passer par quatre chemins pour exprimer un ressenti, de pouvoir échanger sur ce qui nous fait mal mais aussi sur ce qui nous donne espoir. L’association Jonathan Pierres Vivantes a répondu à ma question : on peut survivre après ça malgré l’indescriptible douleur… La preuve, je suis debout. Et en plus, j’avance ! »
Lucile
Antenne JPV de l’Isère