Témoignage de Maryse
Maryse et Dominique proposent des rencontres, une permanence mensuelle et une écoute téléphonique.
« J’ai perdu mon frère par suicide en 2010. Il avait 38 ans. Lorsque Didier nous a quittés, il était impossible pour moi de soutenir mes enfants. La douleur prenait toute la place. J’étais comme les parents tellement dévastés par la perte de leur enfant, qu’ils pensent rarement à reconnaître l’intensité de la peine de leurs autres enfants.
Ça n’est pas pareil disent-ils. C’est vrai mais cela n’efface pas la réalité de cette peine qui risque d’être étouffée et qui devient silencieuse, puisqu’il n’y a personne pour l’entendre.
D’ailleurs, les enfants en deuil choisissent de taire leur propre souffrance pour ne pas accabler davantage leurs parents. Ils se retrouvent devant des parents qui ne parlent que de l’enfant disparu au point de penser que c’était le meilleur, le préféré. C’est un processus normal dans le deuil des parents mais difficile à vivre pour les frères et sœurs qui ont l’impression de ne plus exister autant aux yeux des parents. Ce que ressentent les parents, je l’ai vécu moi aussi. Quand un membre de la fratrie décède, c’est une partie de soi qui s’en va, on perd une partie de son identité – c’est une
personne unique dans notre vie. J’ai ressenti ça aussi.
Après plusieurs mois de souffrance, je me suis présentée à la permanence des parents JPV à Orléans pour finalement rejoindre l’équipe des parents. Leur soutien m’a permis de me relever et je voulais à mon tour apporter mon aide aux familles.
Mais je ne me sentais par forcément à ma place, je n’étais pas maman mais sœur endeuillée. Alors, j’ai fait partie du bureau et enfin, lors d’une formation à l’écoute, j’ai rencontré une sœur « Dominique » qui avait perdu son frère jumeau dans les mêmes conditions.
Nous nous sommes vite rapprochées et sommes devenues amies. Nous avons partagé notre souffrance et avons progressé petit à petit et nous nous sommes ouvertes aux autres. Si bien que nous avons proposé de former un groupe frères et sœurs endeuillés sur Orléans en 2012. Au cours des rencontres que nous avons organisées par la suite, ma fille était présente et elle a pu enfin s’exprimer sur sa souffrance. J’étais prête à entendre son témoignage parce que j’avais fait un petit bout de chemin dans ma propre reconstruction.
Les Frères et Sœurs ont le droit de solliciter l’écoute et le soutien dont ils ont besoin.
Cette aide se trouve rarement auprès des familles – ils ont besoin d’un réseau amical où la peine ne sera pas minimisée et dont la présence discrète mais attentive pourra permettre au processus de deuil de se dérouler de façon harmonieuse : les souvenirs d’autrefois évoqués, la culpabilité trouvent des mots pour s’exprimer. On apprend à trouver une nouvelle place au sein de la famille et dans sa propre existence.
Maryse
Antenne JPV du Loiret