La souffrance d’avoir perdu un frère ou une soeur s’apprivoise-t-elle?

 

  • Je ne veux surtout pas vous dire que tout va bien dans le meilleur des mondes ,je ne veux surtout pas vous dire que tout va mal non plus.
    Quatre ans déjà presque, un frère a disparu de ma vie un jour sans me prévenir ni m’avertir de son départ, il est parti c’est tout peut-être comme il l’a dit dans sa lettre parce qu’il trouverait la haut un sens qu’il ne trouvait pas en bas. Soit, quoiqu’il en soit il est parti! Je ne l’oublie pas (comment pourrais- je, il était tant pour moi) mais je ne suis pas la pour ça !
    Au départ, il y a la perte de toute cette vie qui me semblait acquise, encrée solidement et à la base de mon être. Tout s’effondre: je ne reconnais plus les lieux ni les visages familiers ni les attentions qu’on me porte. Il y a du brouillard partout, il y a du vide et de la souffrance dans mon cœur et mon corps endolori.
    Puis il y a l’indifférence, l’imperméabilité à tout. Rien ne me touche, je suis forte et j’arrive même à sourire, à aider mes parents, à les pousser vers l’avant.
    Cela dure ou cela ne dure pas mais ensuite j’ai eu l’envie de tout démolir, l’envie de tout perdre, de ne pas préserver ce qui me restait de vie, pourquoi faire, à quoi bon ?
    Quand cela est- il aller mieux, quand ai-je dit “cela suffit il faut que tu continues ta vie” ; d’ailleurs me le suis-je dit un jour ? Probablement petit à petit , j’ai déplacé J’ai pardonné à mon frère , accepté son choix comme le sien et comme irréparable, j’ai aussi pardonné à moi même de ne pas avoir été là, pas avoir pu sentir mais aussi à mes proches, à ses amis.
    Je n’ai pas fini bien sur de me dépêtrer de ma culpabilité, de mes angoisses, de mes peines. J’y travaille car oui je pense que cela est un réel travail au jour le jour, un effort à faire plutôt que se laisser engloutir par les évènements. Je ne suis pas seule bien sur, je ne suis pas toute puissante: j’ai une psychothérapeute. J’ai aussi parfois des traitements qui m’aide mais je n’en abuse pas , cela ne résout pas les problèmes mais cela permet de les mettre en veilleuse quand ils sont trop lourds.
    Mais surtout et je crois que pour moi c’est ce qui m’aide le plus, j’ai découvert de nouvelles personnes et créer de nouveaux liens. Autrement évidemment, surtout pas d’aide mais de vie avec qui je passe des moments exceptionnels. Ils me réapprennent malgré eux à de nouveau à aimer, partager , trembler d’émotion et croire que je leur apporte et réciproquement. C’est fondamental pour moi.
    Alors je ne sais pas, je ne suis probablement pas plus forte ni plus faible qu’avant, par contre certainement différente et renouvelée…
    Des étapes il y en aura d’autres, des souffrances aussi, de moments de solitude malheureusement idem mais j’apprends à les vivre sans les appréhender sans m’enfermer, sans me culpabiliser.
    Je ne vais pas merveilleusement bien mais je m’y attelle et je me soigne. . .
    A tous. Laissez germer en vous ce grain de joie qui reste au fond de chacun de nous.
    Si vous ne le trouvez pas, persévérez ou demandez à d’autre de vous guider.
    A tous et à toutes qui ont souffert et veulent vivre avec.
    Apprenez à vivre autrement. Cela n’est pas un guide de recette du bonheur mais seulement un témoignage d’une sœur.